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Youssou N’Dour – Biographie

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Arrière-plan
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Passeport artiste

01/10/1959
Dakar (Sénégal)
Pays: Sénégal
Langue: Wolof
Qualité: Auteur / Chanteur / Compositeur
Genre musical: Musique africaine / Mbalax

Ils sont à ce jour quatre à avoir réussi le cross-over de la musique africaine : Miriam Makeba, dans les années 1960 ; Manu Dibango au cours de la décennie suivante ; Mory Kanté dans les années 1980 ; et Youssou N’Dour à la fin du siècle dernier. Le compte est bon ! Mais la grande différence de You par rapport à ses prédécesseurs, c’est d’avoir accompli sa performance sur le sol de ses ancêtres. Avec cette obstination tranquille qu’on lui connaît, il n’a jamais considéré qu’habiter Dakar serait un obstacle à sa conquête du monde. Bel exemple, et chapeau l’artiste !
Biographie:

Youssou N’Dour est né le 1er octobre 1959 à Dakar au Sénégal. Son père Elimane est ouvrier. Sa mère Ndèye Sokhna Mboup est griotte. Dès son plus jeune âge, il préfère la musique à ses études. Mais ses parents sont intraitables et désirent le voir réussir. Pourtant à onze ans, il décide d’intégrer la troupe théâtrale Sine Dramatique. Remarqué par un musicien du Dounia Orchestra, Pacheco, celui-ci le recommande auprès du Diamono de Charlie Diop. Il entre au sein du groupe et attend patiemment son heure de gloire. Le véritable déclic se produit alors qu’il n’a que treize ans. À l’occasion de la mort de Papa Semba Diop dit Mba, leader du Star Band de Dakar, le Diamono compose un morceau que le jeune Youssou, de sa voix si particulière, doit interpréter lors d’un concert de soutien à sa famille à Saint-Louis. C’est un véritable succès.

Après ce premier essai, le Diamono est invité à se produire à Banjul en Gambie. Ne prévenant pas son entourage, Youssou est considéré comme fugueur. A son retour, son père le sermonne et une véritable explication a lieu. Finissant par convaincre son père de sa vocation, Youssou intègre l’Institut des Arts de Dakar. Il y apprend entre autres le solfège.

En 1975, Youssou N’Dour rejoint un nouvel orchestre nouvellement engagé par un club réputé de la capitale, le Miami. En raison de son jeune âge, c’est le père qui négocie son contrat avec le maître des lieux, Ibra Cassé.

L’Étoile

Il y reste jusqu’en 1979, date à laquelle il monte avec un autre chanteur, El Hadj Faye le groupe l’Etoile de Dakar, la direction d’orchestre étant réservée à Badou Ndiaye. Il démarre en trombe avec le tube « Xalis » (l’argent). En 1981, les deux chanteurs ne s’entendant plus très bien, Youssou quitte le groupe et en reforme un autre, le Super Etoile. Tout lui réussit. Il est l’incontestable n°1 des hit-parades dans le genre mbalax. Comme les griots dont il descend, il chante la vie quotidienne, l’amitié, ou les fêtes religieuses. Mais sa grande réussite semble être l’invention d’une nouvelle danse qui fait fureur dans les clubs de la capitale sénégalaise, le « ventilateur ». Le tout sur une musique mélangeant rythmes traditionnels et instruments modernes. Quelques tubes, « Wala walo », « Nadakaro » ou « Indépendance » sont la base de son succès. La production de ses albums (souvent distribués en cassette) se fait aux Éditions Madingo.

Sa voix légèrement cassée, son autorité au sein de son groupe et son charisme grandissant font de Youssou, le nouvel ambassadeur de la musique sénégalaise. À l’âge de 24 ans, le jeune homme est déjà un homme d’affaires, à la tête d’une véritable entreprise qui emploie musiciens, managers, secrétaires … Il est aussi propriétaire du Thiossane, le club où le groupe se produit quand il n’est pas en tournée. Enfin, il soigne son image, celle d’un bon musulman qui ne boit pas ni ne fume. Fils exemplaire, il vit avec ses parents dans le quartier de la Médina à Dakar, qui l’a vu grandir.

Si les pays de l’Afrique de l’Ouest accueillent la nouvelle star sénégalaise comme un des leurs, la tournée européenne qui débute en mai 1984 semble plus difficile. Elle débute à Paris par l’Africa Fête, festival culturel africain qui pour une soirée accueille les pionniers de l’afro-rock, Osibisa et Youssou N’Dour. Le 18 mai 1984, ce dernier fait donc un triomphe non seulement devant ses compatriotes immigrés (qui avaient eu l’occasion de le voir à Paris dans un club quelques mois auparavant) mais aussi devant le public parisien. L’événement se passe à l’Espace Ballard et dure trois heures. La tournée se poursuit en Allemagne, en Angleterre, en Suède, en Finlande, en Norvège et en Suisse. En France, il prend contact avec le label Celluloïd et lui confie ses intérêts.

Tam-Tam

Revenu en Afrique, Youssou N’Dour entreprend avec le Super Etoile une nouvelle tournée africaine, de la Mauritanie à la Côte d’Ivoire. Artiste ambitieux, il désire faire écouter sa musique et ses chants en wolof au plus grand nombre. Il retourne en France pour le Festival du Printemps de Bourges en 1985, joue en première partie du chanteur Jacques Higelin avec le Guinéen Mory Kanté dans l’immense salle de Bercy du 12 septembre au 12 octobre à Paris et revient dans la capitale française en décembre pour une semaine de concerts en vedette au Théâtre de la Ville. A cela doit s’ajouter sa participation au disque « Tam Tam pour l’Éthiopie », à l’initiative de Manu Dibango, pour le soutien à la lutte contre la famine dans ce pays. Le voilà donc sur tous les fronts musicaux ce qui ne peut que contribuer au développement de sa carrière internationale.

Après une nouvelle série de concerts à Paris au Théâtre de la ville en mars 1986, « You », idole au Sénégal devient un véritable ambassadeur de la musique africaine et va défendre ses couleurs jusque de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis et au Canada, trois semaines durant. Le succès est à nouveau au rendez-vous et des journaux comme le magazine américain Time ne tarissent pas d’éloge devant la performance musicale et scénique du « showman ».

Rencontré pour la première fois en 1984, Peter Gabriel devient vite un ami de Youssou. Il l’embauche d’ailleurs pour faire la première partie de sa tournée américaine avec deux dates mémorables au Madison Square Garden de New York en 1987. Sur la lancée, ils font le tour de l’Europe suivant le même principe.

C’est au cours d’un véritable périple mondial en 88 avec des stars comme Sting, Peter Gabriel, ou Tracy Chapman, que Youssou N’Dour accède à la cour des grands. Les concerts sont donnés au profit d’Amnesty International. Cette aventure dans laquelle il s’est engagé sans vraiment se rendre compte de l’impact, a métamorphosé son image, de gloire nationale, il devient vedette planétaire.

1989 : « The Lion »

Toujours aussi apprécié dans son pays, il entreprend une tournée qui rassemble 4000 spectateurs à Rufisque, 3000 à Rosso, 4000 à Kaolack ou Zinguichor; et quelques milliers à Nouakchott en Mauritanie. L' »Enfant chéri de la Médina » réussit à cette occasion à réunir quelque quarante techniciens et musiciens, accompagnés d’énormes camions transportant le matériel (alors que les routes ne sont pas toujours praticables). Youssou N’Dour semble déterminé à montrer son professionnalisme malgré les difficultés de logistique.

En 1989, sort son premier disque pour le marché international. Signé chez Virgin, « The lion » (« Gaiendé » en wolof) est un album dont les coûts de production sont très importants. Si le mbalax est toujours le moteur essentiel de sa musique, il est accommodé ici de nappes de synthés, et d’arrangements sophistiqués dignes de studios de haute technologie. Peter Gabriel est invité pour un duo « Shakin’ the tree », et joue les grands conseillers es-production. Si certains aficionados de « You », commencent à parler de dénaturation de sa musique, d’autres voient dans ce disque les débuts de la fusion africaine.

En même temps qu’une tournée européenne qui passe par Paris le 2 novembre 1990 à l’Olympia, « Set » le deuxième album chez Virgin, sort en octobre (alors qu’il était sorti en décembre 1989 sous forme de cassette au Sénégal). Si le Super Etoile de Dakar forme le noyau central des musiciens, treize autres viennent s’y ajouter et introduisent ainsi des sonorités nouvelles (accordéon et violoncelle) même si l’instrument fétiche, le tama (petit tambour d’aisselles) reste la star des instruments. Sans changer d’optique par rapport au précédent album, Youssou donne là toute la mesure de son talent en révélant une richesse musicale considérable.

Si dans l’univers de la world music, les échos sont extrêmement favorables, les ventes de disques semblent insuffisantes pour le label Virgin qui en avril 1991, décide de ne pas renouveler le contrat de Youssou N’Dour.

1992 : « Eyes Open »

À l’occasion d’un show-hommage à Nelson Mandela à Dakar en 1991, l’artiste invite Spike Lee, réalisateur noir-américain à venir y assister. Alors que Youssou est en rupture de maison de disques, ce dernier le contact un peu après pour produire un nouvel album. C’est « Eyes Open » qui sort au printemps 1992. Enregistrés à Dakar avec son groupe et Jean-Philippe Rykiel dans un studio très moderne qui appartient à Youssou, les quatorze titres sont chantés en anglais, wolof et français. Les sections de cuivres et le mixage se font à New York. « Africa remembers » dédiée à la diaspora noire est la chanson qui est choisie pour être le support du clip de lancement, réalisé évidemment par Spike Lee.

En juillet de la même année, il reprend une tournée en France qui passe par le Bataclan à Paris les 15 et 16 octobre. Mais c’est l’année suivante, qu’il marque un grand coup en montant un spectacle véritablement créatif : en effet, le 17 juillet, à l’occasion du Festival Paris Quartier d’été, l’Opéra de Paris (Garnier) ouvre ses portes à Youssou N’Dour pour « Africa Opera » fresque autour de l’identité africaine avec la participation d’Angélique Kidjo, Aïcha Kone et Djanka Diabaté. Ce type de prestation est peu fréquent dans le temple de l’art lyrique et rend l’événement exceptionnel.

« Seven seconds »

De son propre aveu, Youssou estime que sa musique tarde à s’imposer à l’étranger. Pourtant avec le simple intitulé « Seven Seconds » chanté en duo avec Neneh Cherry mais sans consonance africaine, il se fait plus largement connaître du grand public, amateur généralement de musique anglo-saxonne. Véritable carton commercial à travers le monde (1 500 000 exemplaires vendus), le titre lui permet une percée dans le domaine de la variété internationale.

En 1994, le nouvel album profite des retombées de « Seven seconds ». Intitulé « Wommat » (Le Guide), il est vite classé dans les charts européens, preuve que la star sénégalaise a enfin conquis les marchés extra africains. On trouve une reprise de Bob Dylan, « Chimes of Freedom » et « Undicided », le simple remixé par le duo français Deep Forest. Youssou se veut ici le guide musical de ses aficionados dont le nombre grandit au fur et à mesure des tournées qu’il effectue régulièrement en Europe et en Afrique de l’Ouest.

Toujours entreprenant, le « Prince du Mbalax » s’aventure dans le monde traditionnel des griots africains (dont il est un descendant) et leurs rend hommage en chantant avec Yandé Codou Sène, grande personnalité de la scène sénégalaise sur un album « Voices of the Heart of Africa ». Chansons traditionnelles et ballades sont au programme de ce disque magnifique, co-produit avec le label allemand, World Network en 1996. Le 20 septembre, il décroche avec Papa Wemba, le prix du « meilleur artiste africain » des premiers Trophées de la musique africaine organisés en Afrique du Sud.

Coupe du Monde 1998 de football

En 1997, les deux artistes s’associent pour le compte du Comité International de la Croix Rouge, avec d’autres musiciens africains pour une chanson « So why ? », composé par Wally Badarou et qui appelle à la réconciliation de l’Afrique.

Mais l’événement est sans conteste la participation artistique de Youssou N’Dour à la Coupe du Monde 1998 de football en France. Le titre « la Cour des grands » avec la chanteuse belge Axelle Red comme choriste exceptionnelle, est retenu comme hymne par Michel Platini, responsable de l’organisation de cette grande manifestation. Passionné de football et internationalement reconnu, Youssou N’Dour élargit encore son image. Cette année-là, on l’entend également sur l’album d’Alan Stivell, « 1 Duar ». Mais si aucun nouvel album n’apparaît dans le paysage musical international, Youssou ne sort pas moins de quatre cassettes au cours de l’année 1998.

Au printemps 1999, il donne un concert exceptionnel sur la scène new-yorkaise du Hammerstein Ballroom au cours duquel Stevie Wonder fait une apparition mémorable.

Devenu star, chacun de ses disques est attendu avec beaucoup d’intérêt. C’est le cas de « Joko » (From Village to town) qui après de long mois de maturation voit enfin le jour en février 2000. Pour le marché international, Youssou déploie les grands moyens. Sur cet album, il y a Wyclef des Fugees qu’il a rencontré à Londres et qui a travaillé sur trois titres. Il y a aussi Peter Gabriel et Sting qui viennent apporter leur contribution en chantant sur un titre chacun. Finalement, la musique du chanteur sénégalais s’apparente à une pop de facture internationale, que celui-ci ne renie d’ailleurs pas du tout.

C’est cette double casquette de chanteur traditionnel et de chanteur international que Youssou N’Dour souhaite mettre en avant lors du Grand Bal qu’il donne à Paris Bercy le 21 octobre 2000. Il organise même la venue à Paris d’une partie de ses fans sénégalais. Composé de deux parties, le spectacle présente d’abord une série de duos de l’artiste avec des chanteurs aussi variés que Cesaria Evora, Zazie, Passi ou Peter Gabriel. Puis après une longue pause, c’est le moment du grand bal qui dure toute la nuit.

Chanteur et musicien remarquable, homme d’affaires avisé, la star sénégalaise multiplie les activités et semble vouloir occuper tous les terrains de la création musicale. S’il produit d’autres artistes comme Cheikh Lô, c’est pour favoriser le mouvement artistique africain, pour l’aider à le structurer et lui donner une chance de réussir le crossover. Vaste entreprise qui ne fait pas peur à l' »Enfant de la Médina » !

Février 2001, notre chanteur s’associe au HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) pour enregistrer un album dont les fonds financeront des projets dédiés à l’éducation d’enfants réfugiés. Ensemble, et avec le concours de musiciens dont la vie est marquée par l’exil et le déracinement, ils réalisent « Building Bridges ».

2002 : « Nothing’s in Vain »

En octobre 2002 sort l’album « Nothing’s in Vain » qui rend hommage à sa terre sénégalaise et à sa langue natale, le wolof. Les instruments traditionnels ne sont pas oubliés dans cet opus feutré où l’on retrouve les sonorités de la kora, du balafon ou du xalam.

Néanmoins, le titre qui fait sensation et qui est l’objet du premier single est « So Many Men », un duo avec Pascal Obispo. Celui-ci est d’ailleurs le compositeur de deux autres titres sur cet album : « Africa dream Again » et « Joker ». Autre clin d’oeil à la France : la reprise d’un titre de Georges Brassens, « Il n’y a pas d’amour heureux ».

Une tournée européenne démarre le 31 octobre au festival des Docks du sud à Marseille et passe le 10 novembre par l’Olympia de Paris où il est rejoint sur scène par Pascal Obispo et Eric Serra, qu’il avait connu à ses débuts lors de ses premiers spectacles parisiens avec Jacques Higelin au Palais-Omnisports de Paris Bercy.

Youssou N’Dour fête Noël, comme chaque année à Dakar, par un grand concert au stade Demba Diop. Toujours basé dans la capitale sénégalaise, le musicien a besoin de se ressourcer chaque fois qu’il le peut dans son pays d’origine, et de retrouver sa famille : sa femme Mamie Camara avec qui il est marié depuis 1990 et leurs quatre enfants.

En mars, il doit entreprendre une grande tournée nord-américaine qui est censée le mener dans 38 villes du 26 mars au 15 mai dans 38 villes, mais il annonce le 7 mars l’annulation de celle-ci pour des raisons politiques liées à son désaccord avec les États-Unis sur la crise irakienne.

On retrouve Youssou N’Dour le 31 mai sur la scène du Palais Omnisports de Paris-Bercy. Le 9 août, c’est à Dakar qu’il recrée l’ambiance de la grande fête parisienne.

2003 : « Sant Allah » (« Égypte »)

Novembre 2003 voit la sortie sur le marché sénégalais d’une cassette intitulée « Sant Allah », composée de morceaux acoustiques et mystiques, éloignés de son répertoire habituel. Pour cela, il a fait appel à un orchestre égyptien et à l’arrangeur Fati Salama. Musulman soufi, le chanteur sénégalais prouve ainsi son attachement à ses racines, à la tradition spirituelle héritée de sa mère tidiane et de son père mouride, à l’enseignement des grands cheikhs marabout du Sénégal.

Le 22 mai 2004, Youssou N’Dour donne un grand bal à Paris-Bercy avec le Super Etoile. En même temps, sort sur le marché international le disque « Allah-Égypte », la version CD de « Sant Allah ». Il joue ce nouveau répertoire au Festival des Musiques sacrées de Fès, au Maroc (28 mai-5 Juin), puis entame une longue tournée américaine.

« Allah Egypte » remporte un grand succès : plus de 400 000 exemplaires vendus sur le marché international. Le 13 février 2005, Youssou remporte une grande distinction, un Grammy Award pour cet album consacré meilleur album de world music contemporaine de l’année.

En mars de la même année, il co-organise Africa Live, un grand concert contre le paludisme, qui réunit à Dakar plusieurs grands noms de la musique africaine : Tiken Jah Fakoly, Corneille, Manu Dibango ou Orchestra Baobab. On comptabilise près de 50 000 spectateurs.

Parallèlement sort en librairie « Youssou N’Dour, l’enfant de la Médina », une biographie de Michelle Lahana, manager du chanteur.

« Retour à Gorée »

Durant l’année 2006, Youssou N’Dour se lance dans de nouveaux projets. Il est l’objet d’un documentaire intitulé « Retour à Gorée ». Sous la caméra attentive de Pierre-Yves Borgeaud, You rencontre des jazzmen à la Nouvelle Orléans, Atlanta ou New York, répète et joue avec eux. Sorte de road movie musical, le film évoque l’esclavage et l’influence des musiques ouest-africaines dans le blues et le jazz américains. Le périple se termine au Sénégal. Youssou emmène son nouveau band sur l’île de Gorée, au large de Dakar, un lieu hautement symbolique. Ils y donnent un concert empreint d’une forte émotion.

En mars 2007, c’est la sortie de « Amazing Grace », film de fiction réalisé par le Britannique Michael Apted qui retrace l’histoire de l’abolition de l’esclavage en Angleterre au XVIIIe siècle. Youssou N’Dour joue le rôle d’un ancien esclave d’origine nigériane, devenu poète et écrivain.

À peu près à la même période, au Sénégal, le leader du Super Etoile sort un nouvel album studio de huit titres originaux, « Alsaama Day », « bonjour ». Avec ce disque, le musicien dakarois souhaite faire taire les voix qui l’accusent de manquer d’inspiration. Une tournée nationale démarre le 9 juin.

En juillet 2007, Youssou N’Dour présente en ouverture du 41e festival de jazz de Montreux son « Retour à Gorée Jazz Project ». Juste avant le concert, il propose une marche de soutien aux victimes du conflit du Darfour. L’initiative est bien suivie.

Plus tard dans la soirée, sur la scène du Miles-Davis Hall, il propose un répertoire très jazz, accompagné de Moncef Genoud au piano, d’Idriss Muhammad à la batterie, Grégoire Maret à l’harmonica, Pyeng Theadgill, à la voix et James Cammack, à la contrebasse. En fond de scène sont diffusées des séquences du documentaire tourné entre les États-Unis et le Sénégal. Le film est récompensé par plusieurs prestigieux prix (Festival du réel à Nyons, Prix Suissimage).

Fin octobre parait l’album « Rokku Mi Rokka (Give & Take) ». Cette fois, ce sont les musiques du nord du Sénégal qui ont inspirées l’artiste, même si le mbalax reste présent sur quelques titres. Treize ans après le tube « Seven Seconds », il invite Neneh Cherry à partager de nouveau le micro avec lui sur « Wake Up (It’s Africa Calling) »

Un concert au Bataclan, à Paris, a lieu le 5 novembre, puis le chanteur et son groupe s’envolent pour l’Amérique du Nord où ils se produisent à dix-sept reprises en vingt-et-un jours, de New York à Los Angeles, en passant par Montréal, au Canada. Lorsqu’il joue à Washington, Youssou N’Dour est reçu à la Maison Blanche pour évoquer la lutte contre le paludisme.

C’est un autre projet qui lui tient à cœur qu’il lance en février 2008 en montant une société de microcrédit nommée Birima et dotée de 200 millions de FCFA (plus de 300 000 euros) afin d’aider ses compatriotes à développer une activité économique.

De retour en France en mars, il y donne une série de concerts qui s’achève par le rendez-vous du Grand Bal à Bercy le 5 avril. En juillet, il est à l’affiche de festivals à Carthage en Tunisie, au Maroc à Agadir. Fin septembre, il chante au Grand Rex, à Paris, au profit d’associations humanitaires.

Le 17 avril 2009, Youssou N’Dour joue avec le Super Etoile de Dakar, à la prestigieuse salle Pleyel, à Paris. Quelques mois plus tard, en septembre, il sort une nouvelle chanson, « Leep mo lëndëm » (« Tout est obscur »), qu’il diffuse uniquement via Internet. Elle dénonce l’immobilisme de l’État sénégalais face aux inondations récurrentes et aux coupures d’électricité incessantes que subit la population.

2010 : « Dakar-Kingston »

Le « pape » sénégalais de la musique revient le 8 Mars 2010 avec un nouvel album, « Dakar-Kingston ». Il s’agit d’une relecture de son répertoire (« Medina », « Don’t Walk Away »…) en reggae, pour rendre hommage au grand Bob Marley qui a beaucoup influencé Youssou. Enregistré entre le Sénégal et la Jamaïque, le disque est orchestré par Tyron Downie, ex-Wailer et complice historique de Bob Marley. « Dakar-Kingston » convoque aussi Patrice, Ayo ou encore Morgan Heritage. La tournée de ce nouveau disque passe par l’Olympia, à Paris, le 23 mars.

Le 31 mars sort sur les écrans français le documentaire réalisé par Elisabeth Chai Vasarhely, « I Bring What I Love », un portrait intime de Youssou N’Dour, filmé jusque dans ses prières et son environnement familial.

Le 19 juin 2010, l’année de ses cinquante ans, le chanteur fête les dix ans de son désormais célèbre Grand bal africain à Paris, à Bercy, devant 17 000 spectateurs.

Le 1er septembre, il lance sa chaîne de télévision, Télévision Futurs Médias, après avoir reçu l’autorisation officielle d’émettre.

Alors qu’on lui prête des ambitions politiques, l’artiste crée « Fekke ma ci bollé » (« Je suis là, donc, j’en fais partie » en wolof) un mouvement citoyen avec l’intention de soutenir un des candidats à l’élection présidentielle de 2012.

En mai 2011, Youssou N’Dour est fait docteur honoris causa par l’université américaine de Yale saluant ainsi une « carrière de 30 années ».

En septembre de la même année, il visite les camps de réfugiés de Dabaab (au Kenya), en provenance pour la très grande majorité, de Somalie. Ambassadeur depuis près de 20 ans de l’Unicef, Youssou N’Dour exhorte les Africains à se mobiliser et à prendre eux-mêmes des mesures pour lutter contre les fléaux qui touche le continent, comme la sécheresse dans la Corne de l’Afrique.

2012 : Ministre de la Culture et du Tourisme

Son ambition politique est désormais clairement affichée : il veut se présenter aux élections présidentielles sénégalaises prévues en février 2012. Mais le Conseil constitutionnel rejette sa candidature. Il soutient alors fermement Macky Sall, le rival du président sortant, Abdoulaye Wade. Après l’élection de Macky Sall comme nouveau président de la République sénégalaise en mars, Youssou N’Dour est nommé en avril, ministre de la Culture et du Tourisme dans le nouveau gouvernement.

Le Sénégal en proie à des inondations en août, le ministre remonte sur scène exceptionnellement en septembre pour un concert humanitaire. Avec 3 autres grands représentants de la musique sénégalaise, Omar Pène, Ismaël Lô et Thione Seck, il se produit à Dakar pour venir en aide aux victimes de ces fortes intempéries.

Le Polar Music Prize 2013 lui est décerné en mai à Stockholm, un prix qui récompense les contributions à la musique mondiale dans tous les genres.

Dans un premier temps, il perd son portefeuille de ministre de la Culture puis le 2 septembre 2013, il laisse celui du Tourisme. Il est tout de même nommé conseiller à la présidence avec rang de ministre sans que ses fonctions ne soient précisées.

Vient alors pour lui le temps de remonter réellement sur scène : Youssou reprend le micro et se produit au Palais Omnisports de Paris-Bercy le 14 octobre pour un grand bal. Il rassemble plus de 26 personnes autour de lui, des musiciens, des danseurs, et de jeunes compatriotes chanteurs dont Pape Diouf et Aida Samb.

En février 2014, le chanteur musulman enregistre une chanson inédite et symbolique intitulée « One Africa » pour la paix en Centrafrique avec Idylle Mamba, artiste chrétienne centrafricaine.

Lors de la 20e édition du Festival des musiques sacrées qui se tient à Fès au Maroc en juin 2014, les légendes africaines Johnny Clegg et Youssou N’Dour rendent hommage au héros de la lutte antiapartheid Nelson Mandela en interprétant le titre « Nelson Mandela » écrit à Dakar en 1985.

Le 16 octobre 2015, sort « Youssou N’Dour et Le Super Étoile de Dakar », qui est l’enregistrement à Athènes de la première partie du concert donné dans le cadre de la tournée « So » de Peter Gabriel. Une tournée qui introduit le Sénégalais auprès du public occidental en 1987. La voix douce et émouvante est soutenue par de nombreux instruments tels que le saxophone, la batterie, la guitare, la basse et des percussions.

Invité par le Festival Île-de-France, l’enfant de la Médina se produit au Cirque d’hiver à Paris le 27 septembre 2015 et interprète la chanson « New Africa », un hymne à l’Afrique positive enregistré en 1992.

2016 : « Afrika Rekk »

Après six ans passés dans la politique et les affaires, Youssou N’Dour signe son retour sur la scène musicale en novembre 2016 avec un nouvel album « Afrika Rekk » (« l’Afrique, un point c’est tout ! »), nourri de ses combats pour le développement de son continent et le dialogue entre les religions. L’artiste a travaillé avec les jeunes de la musique urbaine comme le Nigérian Spotless, le producteur américain Hakim ou encore le Congolais Fally Ipupa. À noter aussi un duo avec l’Américain Akon sur « Conquer the world ».

Il présente ses titres inédits au public le 15 novembre à la Philharmonie de Paris lors d’un concert hommage à Doudou Ndiaye Rose, le maître du tambour du Sénégal, puis se produit deux soirs de suite, les 18 et 19 novembre au Bataclan, une façon pour lui de se souvenir des victimes innocentes du terrorisme.

Youssou N’Dour poursuit ses activités au sein de son groupe média et lance une nouvelle radio, King Fm, en février 2017.

En août 2017 sort l’album « Seeni valeurs » un album de 7 titres mbalax. Un des 7 titres, « Mbeugël is all », est enregistré en collaboration avec le Malien Toumani Diabaté.

En octobre, il reçoit le « Praemium imperiale », le plus prestigieux des prix du Japon, attribué depuis 1989 à des artistes œuvrant dans toutes les disciplines. Ce « Nobel des arts » lui rapporte quelque 75 millions de francs CFA, qu’il offre à la mutuelle de santé des acteurs culturels.

Youssou N’Dour et ses musiciens refont le show le 18 novembre, à l’AccorHotels Arena à Paris pour le traditionnel rendez-vous du « Grand Bal ».

S’il est toujours présent sur le terrain musical, Youssou N’Dour reste plus que jamais le patron du groupe Futurs Médias. En 2018, des tensions avec la RTS (Radio Télévision Sénégalaise) à propos notamment, de droits de retransmissions sportives apparaissent au grand jour.

A la fin de l’année, il fait paraître « Respect » un nouvel album de titres mbalax, sur lequel figure les collaborations du Français Jean-Philippe Rykiel et Faada Freddy de Daara J Family.

2019 : « History »

Désireux de faire le trait d’union entre les continents et entre les cultures, Youssou concocte un nouvel album entre Afrique ancestrale et nouvelles sonorités, intitulé « History ». Le Sénégalais reprend deux chansons de Babatunde Olatunji, compositeur et percussionniste nigérian (1927-2003) qui inspira de nombreux jazzmen américains, notamment. C’est le jeune Nigérian Spotless qui réalise ces titres, donnant un souffle nouveaux à ces morceaux. D’autres talents viennent apporter leur pierre à l’édifice « History » : le compositeur Mike Bangerz (BRGZ) beatmaker français d’origine béninoise, le saxophoniste camerounais Alain Rodrigue Oyono ou l’Américain Matt Howe qui a réalisé le mixage de l’album à Doha au Qatar.

Youssou reprend aussi le titre « Birima » (qui figure à l’origine sur l’album « I bring what I love » avec la Suédoise d’origine sénégalaise, Seynabo. À noter aussi que le premier morceau de l’album s’intitule « Habib Faye », un hommage à celui qui fut le bassiste et directeur artistique de Youssou pendant plus de 20 ans et qui disparut en avril 2018.

Le 6 avril 2019, Youssou N’Dour et le Super Etoile de Dakar se produisent à l’Olympia à Paris. Un peu plus tard, début juin 2019, on le retrouve à Omaha Beach, en Normandie, pour un concert en soutien à la candidature des plages du débarquement au patrimoine mondial de l’UNESCO, un concert surtout donné pour la Paix.

Lors de l’épidémie de Covid-19 qui touche la planète entière et notamment le continent africain en mars 2020, Youssou N’Dour participe à sa manière à l’effort général pour lutter contre cette maladie : il lance l’opération « Daan Coronavirus », faisant un don important au ministère de la Santé de matériels et d’équipements sanitaires et mettant à contribution son groupe de presse pour la prévention, ainsi que pour dispenser des cours à des enfants déscolarisés.

Mars 2020

Écrit par: admin

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