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Éviter une humiliation mémorable au président Alassane Ouattara dans l’affaire des mercenaires incarcérés à Bamako : c’est là désormais la mission confiée par la France au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Une éventuelle réussite de cette mission évitera du coup à l’organisation onusienne, dont la responsabilité est aussi engagée dans cette affaire, de prendre un sérieux coup sur son image. D’où de fortes pressions sur les autorités maliennes pour obtenir la libération des membres du commando envoyé à Bamako, le 10 juillet 2022. L’objectif final recherché par le président Ouattara et ses soutiens : éviter, vaille que vaille, la tenue d’un procès qui pourrait avoir des conséquences tant à Abidjan qu’au sein de l’ONU.
Malgré les différentes méditations les 46 mercenaires (de différentes nationalités selon plusieurs sources) croupissent dans les geôles à Bamako.
La dernière mission de la CEDEAO comprenant les présidents ghanéens, gambien, ainsi que le ministre des Affaires étrangères du Togo, n’a pas connu d’avancée significative dans l’évolution du dossier. Le silence de carpe observé par les membres de cette mission après leur audience avec Assimi Goïta en dit long sur la complexité des négociations initialement menées par les autorités togolaises. C’est ce pays qui avait obtenu la libération des trois femmes du commando.
Pour l’heure les autorités maliennes campent sur leur position : Alassane Ouattara doit impérativement remettre à la justice malienne des anciens responsables (ils sont sous le coup de mandat d’arrêt international) qui ont trouvé refuge en Côte d’Ivoire. Les mêmes sont soupçonnés d’entreprendre des actes de déstabilisation à partir d’Abidjan.
Trois mois après l’éclatement de cette affaire, le constat est le suivant : l’impasse de toutes les négociations entamées jusqu’ici.
Pour se tirer d’affaire et dans l’espoir d’obtenir une porte de sortie honorable, Alassane Ouattara se tourne vers son mentor, Macron.
Guterres entre dans la danse : Où est (donc) l’impartialité de l’ONU ?
C’est ainsi que le Secrétaire général de l’ONU, Guterres, qui avait toujours observé le silence depuis le début de cette affaire, le 10 juillet 2022, est subitement entré dans la danse. En effet, Antonio Guterres est sortie de sa réserve, il y a deux semaines, pour tendre une main secourable à un Ouattara qui ne sait plus à quel saint se vouer. Et pour cause…
Lors d’un entretien avec des médias français (ce n’est guère surprenant !), Antonio Guterres déclare : « Ce ne sont pas des mercenaires. C’est évident ! Je fais appel aux autorités maliennes pour que ce problème puisse se résoudre».
Guterres peut-il alors dire à l’opinion qu’elle était la mission exacte de ces soldats ivoiriens envoyés à Bamako avec une impressionnante armada de guerre ? À défaut d’avoir une réponse claire et précise, le Secrétaire général de l’ONU s’est couvert de ridicule en prenant position sur une affaire opposant deux pays membres de l’organisation. Où est donc l’impartialité M. Guterres ?
Ce n’est pas tout. Emboîtant le pas au secrétaire général et toujours sous l’instigation de la France, le Secrétariat général de l’ONU a appelé à « la libération immédiate des 46 soldats détenus à Bamako… ». Dans cette prise de position à la fois flagrante et éhontée, le Secrétariat général de l’ONU, « exprime sa vive préoccupation face au maintien en détention depuis le 10 juillet de militaires ivoiriens à Bamako ». Nul n’est dupe ! A New-York, tout est mis œuvre pour sauver le président ivoirien avec la complicité de Guterres, visiblement mis en mission pour ce faire.
Une surprise ? Non pour qui connaît le mode de fonctionnement de cette organisation au service des puissances. C’est cette ONU qui avait autorisé la destruction de l’Irak et toujours elle qui a permis à la France et ses alliés de bombarder la Libye et se rendre complice de l’assassinat de Kadhafi.
C’est dire que le soutien affiché de l’ONU à Alassane Ouattara obéit à une règle, celle de transformer les victimes en coupables, là où les intérêts de certains États sont en jeu.
Seulement voilà. Les prises de position de Guterres et du Secrétariat général de l’ONU ne prennent visiblement pas en compte une note verbale adressée par la MINUSMA, en juillet dernier, au ministère malien des Affaires étrangères.
En effet, répondant au gouvernement malien qui avait demandé des explications au sujet du commando ivoirien, la MINUSMA avait apporté les précisions suivantes : 1) Clarification sur les liens légaux ou contractuels entre les militaires ivoiriens arrivés à Bamako le 10 juillet 2022, Sahel Aviation Service et le contingent allemand de la MINUSMA.
La MINUSMA note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou (Bamako) pour « assurer la sécurité à la base des NSE allemands » dans cette même localité, au lieu de Tombouctou où est basé le contingent ivoirien de la MINUSMA. Il apparaît que certaines procédures n’ont pas été suivies non pas été suivies et la mission s’efforce de mieux comprendre comment ces dysfonctionnements ont pu se produire afin d’éviter qu’ils ne se produisent à l’avenir.
2) Relation contractuelle, sous contractuelle entre le contingent allemand et des tiers.
La MINUSMA n’a pas connaissance d’un contrat entre l’Allemagne et des tiers pour la protection de la base allemande de NSE. Des mesures ont déjà été prises pour renforcer la gestion des NSE.
3) Nombre total de NSE à la MINUSMA et leur lieu de déploiement.
Les politiques des Nations unies autorisent les pays contributeurs de troupes et de police à déployer des éléments nationaux de soutien pour fournir des services à leurs contingents, à titre national. Chaque contingent a la responsabilité d’informer la MINUSMA, tous les mois, du nombre de ses éléments nationaux de soutien déployés. Selon les déclarations des contingents, au mois de juin 2022, le nombre total de NSE au Mali s’élève à 609, y compris 471 soutenants le contingent allemand, 33 Bangladais, 7 Cambodgiens, 5 Tchadiens, 60 Britanniques, 4 Sri-Lankais et 29 Suédois.
Comme on le voit cette note de la MINUSMA ne fait nullement mention de contingent ivoirien des effectifs NSE présent au Mali. En outre, cette note pose clairement des questions qui, jusqu’ici, n’ont pas eu de réponses.
Premièrement : la MINUSMA indique que « des procédures non pas été suivies ». Quelles sont ces procédures ? Pourquoi les autorités ivoiriennes et mêmes les Allemands ont-ils violés ces procédures ? Que cacheraient-ils ?
Deuxièmement. La MINUSMA affirme n’est pas avoir connaissance d’un contrat entre l’Allemagne et des tiers. Questions : Pourquoi les Autorités ivoiriennes et allemandes n’ont-elles pas informé la MINUSMA de leur contrat, si contrat il en existe réellement ?
Et pourquoi le silence assourdissant de l’Allemagne depuis l’éclatement de cette affaire, même si au début le ministre allemand des Affaires étrangères avait tenté de faire un chantage sur Bamako en exigeant la libération des soldats ivoiriens ?
Un business sur le dos de l’armée ivoirienne ?
Quelle est l’implication réelle de l’Allemagne dans cette affaire ? Troisièmement. Quelles étaient exactement les missions assignées à ce commando ? Déstabilisation des institutions ? Actes de sabotages ?
Au-delà, les supputations vont bon train. Certains parlent d’une magouille politico- militaro- financier qui aurait débuté depuis des années entre Bamako et Abidjan. Les noms de deux anciennes personnalités des deux pays sont cités : Karim Keita, fils d’IBK et ancien président de la Commission défense à l’assemblée nationale, et feu Ahmed Bagayoko, ancien ministre de la défense et ancien PM de Côte d’Ivoire.
A en croire certaines mauvaises langues, cette affaire, au début, était un juteux business sur le dos de l’armée ivoirienne et au profit de Karim et de Hambak.
Aujourd’hui, il semble que le business serait passé entre d’autres mains à Abidjan. Et du coup, à l’objectif initial (faire du profit) se serait greffé un acte de sabotage de la transition malienne.
Pour maintes raisons et dans le but de sauver le régime de Alassane Ouattara (allié de taille de Macron), l’ONU est appelée à la rescousse…
Écrit par: Yahaya Gakou
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